vendredi 1 novembre 2013

Mauvaise Fortune - par Cécile Benoist, pour ces vases co de novembre.

Pour ces vases d'Halloween, Bienvenue ici à Cécile Benoist, pour un échange entre texte et image : nous nous sommes chacun inspirés d'une photo prise sur le blog de l'autre. Tout simplement. On peut lire la littérature sauvage de Cécile sur son blog, là : http://litteraturesauvage.wordpress.com/


Et pour les découvreurs des Vases Communicants : 
- C'est, chaque premier vendredi du mois, un échange de textes, voire d'images ou de sons, entre deux sites/blogs volontaires, idée lancée initialement par Tiers Livre et Scriptopolis. 
- Ce sont des rendez-vous qui s’opèrent notamment grâce au groupe Facebook des vases communicants, dont Brigitte Célérier est l'âme. Alors merci. (Elle administre aussi le blog qui, mensuellement, regroupe tous les participants. ) Merci aussi à Pierre Ménard qui scoop-it les échanges.


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Ma contribution du mois, Ne Pas Marcher, est lisible sur le blog Littérature sauvage.

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Mauvaise Fortune
Texte : Cécile Benoist. Photo : François Bonneau

« À quoi bon accumuler les sous, les pièces, les billets, les biftons, les comptes en banque, les actions ? Qu’en faites-vous de votre argent, vous qui n’avez plus de temps ? Emmènerez-vous votre fortune au paradis ? En enfer peut-être ? »

L’homme psalmodiait sur le pavé. Il se souvenait de sa richesse passée et de la déchéance qui allait avec. Quand il avait obtenu l’augmentation tant espérée, sa femme l’avait quitté. Quand il avait investi dans l’immobilier, ses enfants l’avaient abandonné. Quand il avait ouvert un compte obscur, son nouvel amour l’avait trompé.

« Jetez la fortune, vous dis-je, vous vous en porterez bien mieux. Abandonnez la richesse, ce n’est qu’un miroir aux alouettes. N’espérez rien de l’argent, tout ça, c’est du flan. »

Quelques passants souriaient en lui jetant une pièce. Il leur renvoyait en pleine face. D’autres s’arrêtaient pour l’écouter religieusement. Il les ignorait. Les enfants étaient subjugués, il s’adressait à eux comme s’ils étaient les seuls à pouvoir comprendre.

« Vivez, les mômes. Aimez, jouez, criez, courez, inventez, sentez, mais ne faites pas fortune, par pitié. L’argent transforme les sourires en rictus, l’amour en trahison et le bonheur en panneau publicitaire. »

Le jour où il avait gagné au loto, son fils aîné avait décidé de quitter ce monde. « Vivre pour la tune, et après ? » C’étaient les mots qu’il avait jeté sur un post-it avant d’avaler le breuvage fatal.

« Jetez la fortune… elle ne tombera pas plus bas. Jetez la fortune… elle ne tombera pas plus bas. Jetez la fortune… elle ne tombera pas plus bas. Jetez la fortune… elle ne tombera pas plus bas. » La litanie de l’homme résonnait maintenant dans toute la ville.

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